La Maurienne

La Maurienne

La Maurienne est une vallée intra-alpine française où s’écoule la rivière de l’Arc. Située dans le département de la Savoie, elle correspond à l’ancienne province homonyme du Duché de Savoie.

Géographie

Elle correspond à l’une des grandes vallées transversales des Alpes. La rivière qui a modelé cette vallée après la dernière glaciation est l’Arc. La vallée commence au hameau de l’Écot (commune de Bonneval-sur-Arc) au pied du col de l’Iseran près de la frontière italienne, et se dirige ouest-sud-ouest avant de remonter ouest-nord-ouest à partir de Modane ; elle se termine à Aiton où l’Arc rejoint l’Isère.

Il n’y a pas à proprement parler de massif de la Maurienne : la Maurienne est bordée au nord (rive droite) par le grand massif de la Vanoise, et la chaîne de la Lauzière, et au sud (rive gauche) par les Alpes grées, le massif du Mont-Cenis, des Cerces, des Arves, des Grandes Rousses et de Belledonne

Les grands cols alpin qui partent de la vallée sont :

l’Iseran vers la Tarentaise le Mont-Cenis vers le Val de Suse le Télégraphe et le Galibier vers le Briançonnais et l’Oisans la Croix-de-Fer et le Glandon vers l’Oisans la Madeleine vers la Tarentaise

On distingue traditionnellement deux ensembles géographiques : la Basse-Maurienne (partie basse de la vallée, plus large) et la Haute-Maurienne (partie haute), commençant après la barrière de l’Esseillon, ouvrant sur la haute vallée de l’arc.

La Haute-Maurienne

On appelle Haute-Maurienne la haute vallée de l’Arc, qui longe la frontière italienne sur environ 45 kilomètres dans la région du Mont-Cenis. La région est connue depuis la plus haute antiquité et on y trouve de nombreux vestiges d’occupation humaine au paléolithique et plus récemment. La Haute-Maurienne commence en amont de Modane pour les spécialistes de géographie humaine, tandis que les spécialistes de géographie physique situent l’entrée de la Haute-Maurienne au verrou glaciaire de l’Esseillon, au niveau d’Aussois. Quant aux économistes, ils attachent Modane à la Haute-Maurienne puisque la ville dispose d’une influence très forte sur les villages de Haute-Maurienne, notamment en raison d’équipements comme sa gare SNCF ou son collège.

Modane, dernière ville de la vallée (selon la définition INSEE), est une ancienne ville frontière, située au débouché des tunnels ferroviaires et routier du Fréjus et dominée par la station de Valfréjus.

Les villages, en remontant la vallée, sont :

Avrieux Villarodin-Bourget (et la station de ski de La Norma) Aussois (station de ski) Bramans Sollières-Sardières Termignon Lanslebourg-Mont-Cenis, Lanslevillard (les 2 villages formant la station de Val Cenis) Bessans (grand domaine de ski de fond et stade international de biathlon, unique en France) Bonneval-sur-Arc (domaine de ski alpin)

Environ 5 000 habitants permanents, et environ 15 000 personnes en hiver.

Une bonne partie de la Haute-Maurienne est incluse dans le Parc national de la Vanoise, premier Parc National en France (1963) qui touche le Parc national italien du Grand Paradis. Population importante de bouquetins et chamois. Présence d’aigle royal et réintroduction récente du gypaète barbu. Il semble que le loup ait atteint la région depuis 5 ans.

Histoire

Étymologie

Le nom « Maurienne » ne trouve pas son origine dans le mot « Maure », relatif aux incursions du Xe siècle des Sarrasins. Il est plutôt un dérivé du latin Malus Rivus, mauvais ruisseau, qui a évolué en « mau riou/rien »[réf. nécessaire]. En effet, la rivière de l’Arc est connue pour ses crues.

Blason de la Maurienne : d’or à l’aigle éployée de sable, languée et onglée de gueules, à la tour de gueules en pointe

Héraldique

d’or à la tour de gueules maçonnée de sable mouvant de la pointe, sommée d’un aigle issante couronnée aussi de sable ou d’or à l’aigle éployée de sable, languée et onglée de gueules, à la tour de gueules en pointe

Histoire de la province

La Maurienne est une vallée géostratégique qui eu une importance à chacune des périodes de l’histoire de la Savoie.

Protohistoire

Il faut attendre la fonte des grands glaciers alpin et surtout le néolithique pour que s’installe les premiers individus dans la vallée de Maurienne. On peut observer ainsi sur le territoire de la commune de Lanslevillard, des mégalithes comme celle de la Pierre aux Pieds (à plus de 3 000) et la Pierre de Chantelouve. Par ailleurs, dans l’ensemble de la vallée, on retrouve des pierres gravées ou des peintures rupestres comme celle de Bessans ou de l’Arcelle près du Mont-Cenis. Sur le village de Sollières, les archéologues ont trouvé, après une découverte hasardeuse en 1972, sur le site des Balmes (Grotte située à 1300 m), une nécropole, indiquant une occupation de – 2 900 à la fin de l’âge du fer[1].

Antiquité

Avant l’incorporation dans le monde romain, la Maurienne est peuplée de Médulles (peuple gaulois) habitant la partie moyenne et basse de la vallée. La Haute-Maurienne est habitée par les Graiocèles dont le chef-lieu Ocellum pourrait être localisé sur la commune d’Aussois. En -16, l’ensemble de la vallée est intégrée à la province des Alpes Cottiennes avec pour capitale Suse (le roi Cottius devient préfet de la province).

Moyen Âge

La cité de Saint-Jean-de-Maurienne reçoit de sainte Thècle, au VIe siècle, des reliques de Jean le Baptiste (trois doigts de la main). À cette occasion, Gontran, roi de Bourgogne, élève une cathédrale dédié à Jean le Baptiste, en 565 ou 574, marquant le début de l’évêché. Au-delà de l’aspect spirituel, Gontran soustrait la vallée à l’autorité de l’évêque de Turin, prenant ainsi le contrôle sur les vallées de Suse et de Briançon. Cette politique lui permet de contrôler les vallées alpines entre son royaume et les territoires lombards, de la plaine du Pô.

Au milieu du Xe siècle un groupe de Sarrasins venus du Fraxinet, dans les environs de l’actuelle Saint-Tropez, s’établit dans les Alpes et notamment dans la vallée de l’Arc. Envoyés par le roi Hugues qui a conclu un traité avec les Sarrasins, ils devaient essentiellement empêcher toute invasion ennemie, principalement en provenance de son rival le roi d’Italie Bérenger[2]. Une partie des Sarrasins quitteront la région, une seconde sera vaincue lors de la bataille de Tourtour et enfin une troisième s’installera dans la région. « Le temps et d’innombrables mélanges de populations firent les reste : lentement, au fil des générations, le contingent sarrasin se dissout ainsi dans la population provençale »[3].

Lors du passage de Charlemagne en Savoie, celui-ci divise le territoire en comtés, dont celui de Maurienne. Ce dernier est donné, avec le Traité de Verdun (843), à Lothaire jusqu’à son incorporation au nouveau royaume de Burgondie septentrionale. Vers 1003, un seigneur du nom d’Humbert, surnommé Blanches-mains (affiliée à la puissante famille comtale d’Arles, marquis de Provence et parent de nombreux haut dignitaire du clergé), apparaît. Seigneur de fiefs en Genevois, en Tarentaise, en Val d’Aoste (1034), dans le Viennois et la vallée du Rhône, il obtient le titre de comte (sans précisions) puis celui de comte en Maurienne en 1043. Sa descendance obtient en 1143 le titre de comte de Savoie qui sera une dynastie – la Maison de Savoie – importante au niveau européen au cours de l’histoire.

Bien que la capitale soit transférée à Chambéry en 1232, la cité de Saint-Jean-de-Maurienne maintient le statut de capitale provinciale avec le siège de l’évêché.

Les familles seigneuriales sont nombreuses sur les terres de Maurienne. L’article « Observations sur quelques anciens titres conservés dans les archives des communes de la province de Tarentaise » (in Mémoires de l’Académie de Savoie, tome VIII, Chambéry, 1837, pp. 91-148) rappelle quelques noms de grandes familles des XIII et XVe siècles :

les seigneurs de La Chambre, vicomte de Maurienne ; la famille de Luciane, château à Saint-Martin-de-la-Porte ; la famille des Hurtières, de Urteriis, qui se serait confondue avec les sieurs de Miolans au XIVe siècle, sur Saint-Georges-des-Hurtières ; la famille de Tigny, de Tigniaco (disparu au XIVe siècle, paroisse du Châtel ; la famille des nobles Pallueli de La Rochette, Palueli de Rupeculâ ; la famille de Sallières d’Arves, communes de Saint-André, du Freney et des Fourneaux ; la famille des Colonnes, de Colompnis, au village des Colonnes, paroisse de Saint-Pancrace ; la famille des Côtes, de Costis, paroisse de Saint-Pancrace ; la famille de La Balme, de Balma, avec un château à Montvernier ; la famille d’Albiez, de Albiaco, château à Albiez-le-Vieux ; la famille du Pont avec des biens à Saint-Michel-de-Maurienne ; la maison de La Place, de Plateâ ; la famille de Cuines, de Cuynâ ; la famille des nobles Vallin, château sur le territoire de Fontcouverte.

Ce document ne dit rien sur les Montmayeur plus implanté dans le sud de la vallée, à la limite de la Savoie Propre (Comté de Savoie).

Lieux et monuments

Les pays de Maurienne et Tarentaise sont classées pays d’art et d’histoire.

Les cols : Col du Grand Cucheron Col du Glandon Col de la Croix-de-Fer Col du Galibier Col du Mont-Cenis

La Barrière de l’Esseillon, une série de cinq forts construits par le royaume de Piémont-Sardaigne entre 1818 et 1830 pour protéger le Piémont d’une invasion française. Les forts, édifiés selon les principes de l’ingénieur militaire Marc-René de Montalembert (la fortification « perpendiculaire ») portent les noms des princes de la Maison de Savoie : Charles-Albert, Marie-Christine, Charles-Félix, Victor-Emmanuel et Marie-Thérèse.

Les chemins du Baroque de Maurienne

La cité épiscopale de Saint-Jean-de-Maurienne, avec son palais des évêques qui abrite le musée des costumes, d’archéologie, d’arts et traditions populaires ; sa crypte des débuts de l’art roman, sa cathédrale, son cloître et ses stalles du XVe siècle.

L’Église de Saint Pierre d’Extravache : plus vieille église de la vallée de la Maurienne. Elle symbolise le début du christianisme, elle aurait été fondée par deux disciples de Saint Pierre : Elie et Milet.